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Association Lycée Victor Duruy

Le Collège avant 1900

   Il se trouvait Boulevard Carnot. Le Collège Victor Duruy fut construit en 1903-1904 sur le quai de  l 'Adour. Il abritait également une école

       primaire et une école professionnelle.

   Voici les souvenirs de Jean CARAVEN, né en 1879 à Toulouse, chirurgien, membre de l'Académie de Médecine. Ce texte date de 1957


  



QUELQUES SOUVENIRS  de Collège

par J. CARAVEN de l'Académie de Médecine


           Est il rien de plus agréable, et en réalité de plus doux que de se rappeler ses années de collège ? Mais comment y parvenir

    quand on a les cheveux blancs ?

Je suis entré au Collège de Bagnéres au début d'octobre 1889, il y a soixante-sept ans. J'avais dix ans

   Bagnères avait encore un air bien Pittoresque. Le matin de petits ânes y apportaient de la campagne le lait et les fagots de bois

   ( Croumpa héchinos ! ). Et le crieur publie, en costume de guide, boléro culotte, et bas blancs, annonçait

                « Il y a un Landau  de retour pour Luchon "

Depuis, la vie s'est chargée de meuler mes souvenirs, quand elle ne les a pas tout à fait effacés. Et je n'aperçois plus,

au  dessus d'une mer de nuages, que de menus rocs isolés.

J'habitais au 16  de la rue du.-Centre et ,- tous les matins je passais au-pied de la tour de l’Horloge pour aller en classe.

 Parfois. i1. avait neigé pendant la nuit et j’en avais été averti  par la voix étouffée de sa cloche couverte de neige.


Nous entrions . au Collège par un porche à gauche duquel ce tenait le « paouat » (le concierge)  Il scandait au tambour

les actes de la journée, et il nous vendait des sucres d’orge qui avaient le goût du pétrole; car ce brave homme s'occupait

aussi des lampes de l'établissement.

Il y avait dans l’avant cour, à droite, un énorme bloc de pierre, qui servait de banc. Un de nos jeux était de le prendre d'assaut,

 alors que des camarades le défendaient. D'un de ces assauts je garde encore la cicatrice glorieuse d’une blessure du crâne.

  

La suite..cliquez ici..

  

  

La cour proprement dite était ombragée par quatre gros platanes. A l'automne, quand leurs feuilles tombaient,

 on les accumulait dans une grande pièce au fond du préau. Et c'est dans cette pièce qu’on nous reléguait,

quand le temps était mauvais,-~. Nous nous y agitions dans un nuage opaque de poussière. Oh l’hygiène !

Il faisait souvent froid et j'ai le souvenir d'avoir trouvé l’encre gelée le matin à l’étude . L'étude était au fond de la  cour ;

 elle était longée extérieurement sur le boulevard par un canal  qui était encore à découvert et qui prolongeait contre elle

 le froid du tumultueux Adour.

J'étais assez turbulent, et il m'arriva d'être appelé au cabinet du principal, M. Portal Et un jour, où il était peut-être

spécialement en colère, il me demanda : « Vous foutez­ vous de la République ? » Je répondis naïvement que oui.

 sa colère tomba. ~Et le brave homme ne conserva pas de souvenir fâcheux de la scène, car plus tard, bien plus tard,

à l'occasion d'un passage à Paris, il eut la gentillesse de venir me serrer la main à l'Hôtel-Dieu, où je finissais mon internat.

Près du cabinet du principal se trouvait la classe de M. Ferrère, qui m'apprit le- latin et le grec.

 Paré d'une courte barbe noire, le nez chevauché par un lorgnon, Ferrère était un excellent professeur dont je garde le meilleur souvenir.